Neuf-Mesnil, Quiévrechain, Valenciennes, Wavrechain, Escaudain, Aniche, Douai, Grenay, Bully Montignies, Méricourt, Harnes, Carvin, Seclin, Ronchin, Lille.
Telles sont les étapes de la marche thématique : la solidarité c’est l’intégration, l’intégration c’est les papiers.
A chaque étape un accueil chaleureux, solidaire et une gratitude exprimée à l’endroit des sans papiers par les sinistrés, des Elus et des citoyens.
Voilà la lettre émouvante et édifiante que les sinistrés de Neuf-Mesnil ont envoyé au CSP59 : « Tout d’abord un grand merci a vous les sans papiers de la part des sinistrés de Neuf-Mesnil de nous avoir prêter attention et de votre déplacement ainsi que de ce geste fait de votre part. Petite rencontre un peu courte mais l’occasion de voir qu’il y a encore des personnes qui pensent à nous dans nos mobil home. Voilà nous tenions à vous remercier et à vous souhaiter beaucoup de courage et de morale dans vos démarches et vos épreuves. Nous ne pouvons pas nous rencontrer sur Lille. Mais nous aurons une grande pensée pour vous ce samedi cordialement. Philippe et Sabine et les enfants. Et encore tenez bon les gars ».
« Avoir prêté attention », « votre déplacement ainsi que de ce geste », « voir qu’il y a encore des personnes qui pensent à nous dans nos mobil home ». Ces mots des sinistrés de la tornade rappellent à chacun de nous la terrible déshumanisation qu’est l’individualisme égoïste qui lamine nos sociétés ainsi de plus en plus bestialisée par l’indifférence insensible devant les souffrances humaines.
Le « geste » des sans papiers - la remise de 1000 euros au CCAS pour les sinistrés suite à repas fraternel de solidarité - dont parlent les sinistrés dans leur lettre au CSP59 résulte du combat pour le droit à l’existence légale de ceux dont la lutte nécessite par sa nature même, plus que d’autres, de la solidarité des citoyens de ce pays.
L’expérience concrète est ici une formidable école de la solidarité comme valeur indispensable de la vie en société.
Cette valeur humaine par essence prend aujourd’hui encore plus d’importance en raison du culte de « l’individu gagneur » qui a travesti notre société en vertu de la domination sans partage de l’idéologie libérale qui a régné jusqu ‘ici et à cause de la crise du système qui entraîne la recherche de bouc-émissaire tout désigné que sont les sans papiers, les immigré(e)s, la religion musulmane, bouddhiste, etc.
La création de cette infamie raciste hypocrite qu’est le « Ministère de l’identité nationale », l’ADN, l’enfermement de mineurs et l’allongement possible du délai à 18 mois de rétention dans les CRA, l’expulsion en partie de la Cimade des CRA, l’ignorance délibérée des CSP, des associations et des syndicats comme interlocuteurs des Préfectures ou de l’Etat, la pratique du ‘dialogue social’ ramenée à la formule pas de contre pouvoir, mais soumission totale à l’Etat, la politique des chiffres et quotas ethniques d’expulsions, la traque et la chasse aux sans papiers, la criminalisation de la solidarité sont des illustrations éloquentes des dérives liberticides qui menacent les fondements de la République démocratique et sont les pendants de la déshumanisation porteuse du déclin.
Les 25 marcheurs ont porté le message de la solidarité, de l’humanité et de la fraternité à chaque étape et ont reçu en retour des engagements des Maires et Elus Municipaux : lettre et Motion de soutien à la revendication de régularisation des marcheurs en direction du Préfet du Nord.
Joignant la parole à l’acte, des élus de Grenay avec son écharpe tricolore, le Maire, de Wavrechain et d’Escaudain étaient présents à Place de la République/Parvis des Droits de l’homme pour saluer et dire merci encore une fois aux marcheurs sans papiers pour la « formidable leçon de civisme, de solidarité, de fraternité que vous marcheurs sans papiers donnez à nous tous par votre traversée du département ».
Le Préfet nous invitait à déposer auprès des « fonctionnaires du service départemental d’information générale » nos « motions ». Ce que nous avons fait en remettant en Préfecture 10311 signatures de pétition demandant la régularisation.
Le Préfet a répondu à notre demande d’audience que « les locaux de la préfecture étant fermés à cette date, il n’est pas possible de réserver une suite favorable à votre demande ». C’est pourquoi donc nous allons demander au Préfet de nous recevoir dans la semaine un jour ouvrable et notre délégation sera accompagnée d’élus de la République.
Les marcheurs et leur CSP59 adressent un vibrant remerciement à l’ensemble des Mairies, des Maires et Elus Municipaux, des associations, des syndicats et des citoyens qui ont reçu la marche des sans papiers.
Article de Nord Eclair :
Après plus de dix jours sur la route, les marcheurs sans-papiers arrivent à Lille
Publié le dimanche 21 juin 2009 à 06h00 - Nord Eclair
http://www.nordeclair.fr/Locales/Lille/2009/06/21/apres-plus-de-dix-jours-sur-la-route-les.shtml
Les sans-papiers étaient ravis du bon accueil reçu dans les différentes villes traversées : Ronchin, Grenay... À l'exception de Lens.
But : obtenir des papiers contre leur solidarité avec les sinistrés de la tornade d'août 2008.
Étonnant contraste, hier à l'Hôtel de ville. D'un côté, le décor policé de la mairie. De l'autre, une cohorte de sans-papiers chantant dans les escaliers. Ce qu'ils demandent ? La régularisation. Mot d'ordre ? « La solidarité, c'est l'intégration. L'intégration, c'est les papiers ! ».
En octobre dernier, le CSP59 (Comité des sans-papiers du Nord) récolte mille euros en organisant un repas de solidarité pour les sinistrés de la tornade d'août. « Nous sommes des nordistes, on vit ici, alors pas question de rester les bras croisés », explique Biaby Mohammed Lamine, porte-parole. Le 7 juin, les marcheurs remettent l'argent à la commune de Neuf Mesnil et marchent vers Lille. « Nous sommes à vos côtés », a souligné Dalila Dendouga, adjointe aux droits de l'Homme. Mais la préfecture, première concernée par l'avenir des sans-papiers, n'était pas représentée.
Article de La Voix du Nord :
Vingt-cinq marcheurs, algériens, thaïlandais et guinéens majoritairement, militaient aussi pour obtenir des papiers.
La « Marche des sans-papiers » s'est achevée hier place de la République à Lille. Partis le 7 juin de Maubeuge, ils ont rencontré les sinistrés de tous bords : victimes de la tempête, futurs licenciés, etc... Pour leur rappeler la notion de solidarité.
Quand les sans-papiers marchent, les sympathisants signent. La preuve, hier à Lille, avec Roland Diagne, porte-parole du CSP 59, qui annonce dix mille trois cent onze signatures obtenues à la dernière Marche des sans-papiers, débutée le 7 juin à Maubeuge.
Vingt-trois militants et deux soutiens ont traversé la moitié du département par étapes quotidiennes de quinze à trente kilomètres, partant à la rencontre des laissés pour compte de tous bords. Comme les victimes de la tempête à Neuf-Mesnil pour lesquels ils ont recueilli un millier d'euros remis au CCAS local. Ou encore les salariés en sursis de Bénédicta ou de Michelin, autour de Seclin. Et beaucoup d'autres à Valenciennes, Lens, etc.
Ils sont finalement arrivés hier à Lille, passant par le centre de rétention de Lesquin, les mairies de Ronchin et de Lille (une délégation a à chaque fois été reçue), accompagnés même par des élus et associations. « Dans une société de plus en plus déliquescente et individualiste, cette marche est porteuse d'avenir, leur a expliqué Roland Diagne. Vous avez donné une leçon de solidarité à la population.» « On a vécu plein de choses au fur et à mesure des rencontres, confiait Mohammed-Reda, l'un des marcheurs, les maires et élus nous ont considérés comme des êtres humains. Mais la préfecture nous voit juste comme des dossiers.» Référence aux portes closes qui ont accueilli les marcheurs, place de la République. Mais le CSP entend y obtenir une audience « un jour ouvrable ».