Manifestation le samedi 22/12/07
à 14h Place de la République à Lille
Débat à partir de 16h30 à l’Espace Marx, 6 bis rue Roger Salengro, métro Marbrerie / Avec Ley Gardigal, militant de gauche tchadien.
Les images des Français et Européens assis à terre, menottés au Tchad ont rappelé à beaucoup de sans papiers noirs, maghrébins, asiatiques et roms des souvenirs choquants d’humiliations. La différence ici est que les étrangers subissent cette honte et cette brutalité au quotidien parce qu’ils, elles sont simplement sans papiers alors que les Français sont accusés « de trafics, de tentatives de vols d’enfants tchadiens ». L’Arche de Zoé - France enregistrée en préfecture de Paris sous le numéro 05 / 2346 / 00171192 se présente sur son site comme «une association à but non lucratif dédiée aux enfants orphelins». Surfant sur le sentiment humanitaire de certaines familles cherchant à adopter des enfants orphelins, l’Arche de Zoé a lancé «un cri d’alarme» à propos du Darfour en ces termes : «Il faut sauver les enfants du Darfour pendant qu’il est encore temps. Dans quelques mois, ils seront morts !» (www.archedezoe.fr/). On peut comprendre que des familles françaises, à la fois pour des raisons humanitaires, mais aussi parce qu’elles voulaient adopter des enfants orphelins, aient pu en toute bonne foi se laisser abuser par l’Arche de Zoé. Mais la double identité – Arche de Zoé en France et Children Rescue au Tchad – apparaît comme un élément accablant pour cette association « humanitaire ». En France les enfants volés ont été présentés aux familles candidates à l’adoption comme étant des «enfants du Darfour». Au Tchad les témoignages des parents des enfants éclairent encore plus la tentative de kidnapping : «Sans hésiter, sur une photo publiée en "une" du Monde, Abderhamane Idriss pointe deux visages : celui d'Emilie Lelouch, la compagne d'Eric Breteau, responsable de L'Arche de Zoé, connue ici sous le nom de Children Rescue, et celui d'un blond barbu surnommé "Pépé". Abderhamane en est sûr : ces deux-là sont venus chez lui, à Gilané, lorsqu'il a été question d'envoyer ses trois enfants, Noura, 3 ans, Ibal, 5 ans et Yaya, 6 ans, à l'école d'Adré, à 10 km de sa maison de pisé. Ils ont peu parlé. C'est l'imam du village, très respecté, qui a mené la discussion et a réussi à convaincre Abderhamane, 28 ans, pauvre cultivateur de mil et d'arachide, de donner leur chance à ses trois petits. Ils allaient apprendre le français, l'arabe et, surtout, recevoir une éducation coranique.» (LE MONDE 05.11.07). Le Président Sarkozy est allé chercher une partie des inculpés par la justice tchadienne avant de déclarer cette monstruosité qui révolte la conscience humaine : «J’irai les chercher quoi qu’ils aient fait». Plusieurs centaines de Français sont emprisonnés à l’extérieur pour divers délits. Jamais un président n’a osé s’adresser ainsi à un Etat et à un peuple souverain. Il n’y a que l’Afrique, les Africains que l’on peut se permettre d’insulter ainsi en toute impunité. Auparavant le dictateur «ami» de la françafrique, Idriss Deby, après son cinéma sur la « fermeté », a retiré contre l’avis des populations concernées le dossier judiciaire au tribunal départemental d’Abéché où l’enlèvement des enfants tchadiens a failli se faire. Après le transfert des inculpés à la capitale, Ndjamena, I. Déby a capitulé en libérant sans enquête ni jugement les présumés «innocents ou coupables» de captures illicites d’enfants en vue d’expatriation. L’Assemblée Nationale française a aussi résonné d’exigences de «retour de nos concitoyens» sous le prétexte qu’au «Tchad, il n’y a pas de justice». Dans cette illustre Assemblée des représentants du grand peuple français, certains semblaient découvrir ainsi «qu’il n’ y a pas de justice sous la dictature de I. Déby» en oubliant de préciser que cela n’est vrai que pour les Tchadiens, en oubliant de rappeler que ce sont les mirages de l’armée française qui ont bombardé et chassé en avril 2006 les opposants à la dictature qui étaient entrés armés dans la capitale tchadienne pour chasser l’autocrate «ami» et pur produit de la françafrique, en oubliant de signaler que des milliers de sans papiers tchadiens demandeurs d’asile politique sont déboutés parce que jusqu’ici «le Tchad est un pays démocratique où règne le multipartisme». Cette terrible tentative de rapt d’enfants en terre africaine du Tchad et la terrible chasse aux enfants sans papiers et à leurs parents en France révèlent le deux poids deux mesures et l’incroyable humiliation que les puissants font subir aux faibles en toute impunité. Mais au fait n’est ce pas là la véritable signification honteuse de «l’immigration choisie»?! Immigré(e)s et Français(e)s, travailleurs de toutes origines, citoyens, démocrates nous ne pouvons rester indifférents, nous devons réagir pour faire respecter la seule vraie valeur humaine : «les humains et les peuples naissent libres et égaux en droit et en dignité». Vivent les relations fraternelles, justes, solidaires et vivent l’égalité, le respect mutuel de la dignité entre les peuples!
Fait à Lille le 08/11/07
Signataires : CSP59, Collectif Afrique, Les Indigènes, ATNF, Mémoire Vive, RESF, IDM, Mrap, Awana Africa, Griam, Cordillera.